Alexandrina Maria da Costa
Vierge, Bienheureuse
13 octobre

 

Lecture du Cantique des Cantiques   (Cant. 8, 6-7)

Pose-moi comme un sceau sur ton cœur,
comme un sceau sur ton bras.

Car l'amour est fort comme la Mort,
la passion inflexible comme le Shéol.

Ses traits sont des traits de feu,
une flamme de Yahvé. Les grandes eaux ne pourront éteindre l'amour,
ni les fleuves le submerger.

Qui offrirait toutes les richesses de ma maison
pour acheter l'amour,
ne recueillerait que mépris. Notre sœur est petite:
elle n'a pas encore les seins formés.
Que ferons-nous à notre sœur, le jour où il sera question d'elle ?

 

Psaume 148   (148, 1-2 ;

Louez Yahvé depuis les cieux,
louez-le dans les hauteurs,
louez-le, tous ses anges,
louez-le, toutes ses armées!

Rois de la terre, tous les peuples,
princes, tous les juges de la terre,
jeunes hommes, aussi les vierges,
les vieillards avec les enfants!

Qu'ils louent le nom du Seigneur.
Sa majesté par-dessus terre et ciel!
Il rehausse la vigueur de son peuple,
fierté pour tous ses amis,
pour les enfants d'Israël, le peuple de ses proches.

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc   (Lc. 10, 38-42)

Comme ils faisaient route, il entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Celle-ci avait une sœur appelée Marie, qui, s'étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marthe, elle, était absorbée par les multiples soins du service. Intervenant, elle dit : “Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur me laisse servir toute seule ? Dis-lui donc de m'aider.” Mais le Seigneur lui répondit : “Marthe, Marthe, tu te soucies et t'agites pour beaucoup de choses ; pourtant il en faut peu, une seule même. C'est Marie qui a choisi la meilleure part ; elle ne lui sera pas enlevée.”

 

En ce 13 octobre, notre prière est alimentée particulièrement par le recours à l’intercession de la Bienheureuse Alexandrina Maria da Costa, morte en odeur de sainteté le 13 octobre 1955, et béatifiée par le bienheureux Jean-Paul II le 25 avril 2004.

Les événements de sa vie auxquels on va faire allusion sont amplement et richement rapportés sur le Site voisin justement consacré à la Bienheureuse. Nous allons en reprendre quelques uns pour alimenter notre dévotion au moment de célébrer les Saints Mystères.

Alexandrina avait reçu du Ciel une mission toute particulière : convaincre le pape de consacrer officiellement le monde entier au Cœur Immaculé de Marie, ce que fit effectivement le Serviteur de Dieu Pie XII le 31 octobre 1942.

L’attachement de cette sainte âme à l’Eucharistie était particulièrement remarquable, au point que les treize dernières années de sa vie elle ne se nourrissait que de la Sainte Hostie que lui apportait le prêtre. On lira en outre, dans sa vie, qu’elle s’offrit en victime de réparation pour tous les Tabernacles profanés ou abandonnés.

Parallèlement à ces deux faits on a pu remarquer que cette âme d’élite mourut justement un jour consacré à la fois à l’Eucharistie et à Marie, le jeudi 13 octobre 1955 : c’est un Jeudi que furent institués le Sacerdoce et l’Eucharistie ; et c’est le 13 octobre qu’à Fatima Marie se manifesta de façon si mémorable que même les journaux athées de l’époque relatèrent la “danse du soleil” et la pluie torrentielle qui laissa absolument secs les vêtements des dizaines de milliers de fidèles présents à la Cova da Iria.

On se rappellera aussi ici l’accident survenu à Alexandrina quand elle avait quatorze ans : menacée dans sa maison par des intrus, la jeune adolescente n’hésita pas à se sauver par la fenêtre et à tomber quatre mètres plus bas, une chute qui lui causa une aggravation de sa mauvaise santé et l’obligea bientôt à s’aliter définitivement. C’est à ce prix qu’elle préféra défendre sa virginité, son attachement inconditionnel à Jésus-Christ.

Ce demi-siècle de souffrances, Alexandrina le passa véritablement dans l’offrande totale d’elle-même à son Divin Maître, dans la consécration totale de tout son être, vivant pleinement, quoique laïque, les saints conseils évangéliques de pauvreté, de chasteté et d’obéissance.

Pauvre, elle l’était de par son humble condition et n’a jamais recherché autre chose que de vivre de son travail.

Chaste, on a lu jusqu’à quel point elle voulut le demeurer.

Obéissante, ce fut la pierre d’angle de sa vie, dans une soumission fidèle aux prêtres, à l’Eglise, jusqu’à l’identification totale avec le Christ dans la Passion rédemptrice pour le rachat des âmes.

Une telle mission n’aurait pas pu se réaliser sans un amour profond et total pour Dieu, pour l’Eglise. L’union d’Alexandrina avec le Divin Epoux fut vraiment une ex-ception dans la vie de l’Eglise ; on n’a jamais vu avant Alexandrina une âme res-sembler tellement au Christ qu’elle puisse exprimer à la première personne des sentiments que seul Jésus-Christ a pu ressentir.

Le choix de la première lecture de cette fête, extraite du Cantique des Cantiques, veut illustrer cette union mystique parfaite entre l’Epoux et son Epouse. L’Epoux demande à être posé comme un sceau sur le cœur et sur le bras de son Epouse. Posé traduit la délicatesse de cette divine empreinte, en même temps que ce sceau traduit la pérennité de ces fiançailles célestes, un sceau bien plus fort, bien plus profond, bien plus durable que tous les tatouages que se font marquer nos contemporains. N’y en aurait-il pas un pour se faire tatouer un “J’aime Jésus” ?

L’Amour qui scelle ces fiançailles mystiques est un lien sacré ineffaçable, fort comme la Mort , car comme la mort anéantit la vie terrestre, de même l’Amour vrai engloutit tout ce qui est humain, mais en le sublimant. C’est le Feu de l’Esprit Saint, qui a donné tant de courage aux Saints, aux Martyrs, un feu que les grandes eaux ne pourront éteindre.

Le psalmiste invite toute la création à chanter à Dieu cet Amour : les anges, les astres, les êtres vivants, tous les peuples, les jeunes hommes, les vierges aussi : le texte ne dit pas “les jeunes hommes avec les vierges”, tandis qu’il poursuit : les vieillards avec les enfants. Si Dieu aime que les enfants jouent avec les vieillards, Il aime aussi que les jeunes hommes sachent vivre séparément des vierges. Délicatement, ici aussi, l’Ecriture invite ceux qui s’y sentent appelés, à vivre dans la chasteté.

La chasteté est une vertu, un don de Dieu. Tous n’y sont pas appelés ; de même que tous ne sont pas appelés au mariage. Beaucoup d’unions échouent, parce qu’elles n’auraient pas dû être. Beaucoup d’époux aussi et de célibataires regrettent de n’avoir pas répondu à la vocation de leur adolescence ; ce qui, heureusement, ne les empêche pas de recevoir la grâce divine pour conduire une sainte vie.

Et même dans la vie consacrée, il y a beaucoup de demeures (Jn 14:2), toutes valables, toutes saintes, chacune convenant à telle ou telle vocation. L’épisode évangélique d’aujourd’hui nous le rappelle : Marthe servait Jésus de tout son cœur, dans les chaudrons de sa cuisine, Marie servait Jésus en méditant Sa parole. Marthe aussi méditait, Marie aussi balayait : les vrais contemplatifs restent très actifs ou ils cessent d’être contemplatifs ; les actifs doivent se nourrir de prière ou ils deviennent activistes, ayant perdu la paix de l’âme.

Quand Jésus dit que Marie a choisi la meilleure part, il ne faudrait pas penser que Marie eût fait mieux que Marthe, qu’elle eût “préféré” s’asseoir paresseusement près du Christ à regarder sa sœur travailler seule. Dans l’édification d’une maison, on fait souvent plutôt l’éloge de l’architecte que des humbles ouvriers qui ont collaboré ; pourtant l’architecte ne travaille pas moins que le maçon, et l’un ne peut se passer de l’autre. Dans l’évangile, chacune des deux sœurs a correspondu à la tâche que lui proposait le Christ. Marie est évidemment plus proche du Christ, comme Jean à la Dernière Cène, et profite de la meilleure part, mais cette place de Marie ou de Jean n’enlève rien aux mérites du travail de toutes les Marthe qui servent l’Eglise fidèlement depuis vingt-et-un siècles.

Alexandrina, qui portait aussi le nom de la Très Sainte Vierge Marie, a réellement choisi la meilleure part : comme la Marie de l’évangile, comme aussi bien sûr la Vier-ge Marie, elle médita en son cœur (Lc 2:19) la parole de Dieu.

En ce 13 octobre, renouvelons à Dieu notre amour de l’Eglise et de Jésus-Eucharistie, notre fidélité aux appels pressants de Marie à Fatima. Regardons la Bienheureuse Alexandrina et demandons-lui de nous emmener dans le Feu de l’Amour qui brûle dans le Cœur du Christ.

pour toute suggestion ou demande d'informations