En ce
13 octobre, notre prière est alimentée particulièrement par
le recours à l’intercession de la Bienheureuse Alexandrina
Maria da Costa, morte en odeur de sainteté le 13 octobre
1955, et béatifiée par le bienheureux
Jean-Paul II le 25 avril 2004.
Les événements
de sa vie auxquels on va faire allusion sont amplement et
richement rapportés sur le Site voisin justement consacré à
la Bienheureuse. Nous allons en reprendre quelques uns pour
alimenter notre dévotion au moment de célébrer les Saints
Mystères.
Alexandrina
avait reçu du Ciel une mission toute particulière :
convaincre le pape de consacrer officiellement le monde
entier au Cœur Immaculé de Marie, ce que fit effectivement
le Serviteur de Dieu Pie XII le 31 octobre 1942.
L’attachement
de cette sainte âme à l’Eucharistie était particulièrement
remarquable, au point que les treize dernières années de sa
vie elle ne se nourrissait que de la Sainte Hostie que lui
apportait le prêtre. On lira en outre, dans sa vie, qu’elle
s’offrit en victime de réparation pour tous les Tabernacles
profanés ou abandonnés.
Parallèlement à
ces deux faits on a pu remarquer que cette âme d’élite
mourut justement un jour consacré à la fois à l’Eucharistie
et à Marie, le jeudi 13 octobre 1955 : c’est un Jeudi que
furent institués le Sacerdoce et l’Eucharistie ; et c’est le
13 octobre qu’à Fatima Marie se manifesta de façon si
mémorable que même les journaux athées de l’époque
relatèrent la “danse du soleil” et la pluie torrentielle qui
laissa absolument secs les vêtements des dizaines de
milliers de fidèles présents à la Cova da Iria.
On se
rappellera aussi ici l’accident survenu à Alexandrina quand
elle avait quatorze ans :
menacée dans sa maison par des intrus, la jeune adolescente
n’hésita pas à se sauver par la fenêtre et à tomber quatre
mètres plus bas, une chute qui lui causa une aggravation de
sa mauvaise santé et l’obligea bientôt à s’aliter
définitivement. C’est à ce prix qu’elle préféra défendre sa
virginité, son attachement inconditionnel à Jésus-Christ.
Ce demi-siècle
de souffrances, Alexandrina le passa véritablement dans
l’offrande totale d’elle-même à son Divin Maître, dans la
consécration totale de tout son être, vivant pleinement,
quoique laïque, les saints conseils évangéliques de
pauvreté, de chasteté et d’obéissance.
Pauvre, elle
l’était de par son humble condition et n’a jamais recherché
autre chose que de vivre de son travail.
Chaste, on a lu
jusqu’à quel point elle voulut le demeurer.
Obéissante, ce
fut la pierre d’angle de sa vie, dans une soumission fidèle
aux prêtres, à l’Eglise, jusqu’à l’identification totale
avec le Christ dans la Passion rédemptrice pour le rachat
des âmes.
Une telle
mission n’aurait pas pu se réaliser sans un amour profond et
total pour Dieu, pour l’Eglise. L’union d’Alexandrina avec
le Divin Epoux fut vraiment une ex-ception dans la vie de
l’Eglise ; on n’a jamais vu avant Alexandrina une âme
res-sembler tellement au Christ qu’elle puisse exprimer à la
première personne des sentiments que seul Jésus-Christ a pu
ressentir.
Le choix de la
première lecture de cette fête, extraite du Cantique des
Cantiques, veut illustrer cette union mystique parfaite
entre l’Epoux et son Epouse. L’Epoux demande à être posé
comme un sceau sur le cœur et sur le bras de son Epouse.
Posé traduit la délicatesse de cette divine
empreinte, en même temps que ce sceau traduit la
pérennité de ces fiançailles célestes, un sceau bien plus
fort, bien plus profond, bien plus durable que tous les
tatouages que se font marquer nos contemporains. N’y en
aurait-il pas un pour se faire tatouer un “J’aime Jésus” ?
L’Amour qui
scelle ces fiançailles mystiques est un lien sacré
ineffaçable, fort comme la Mort , car comme la mort
anéantit la vie terrestre, de même l’Amour vrai engloutit
tout ce qui est humain, mais en le sublimant. C’est le Feu
de l’Esprit Saint, qui a donné tant de courage aux Saints,
aux Martyrs, un feu que les grandes eaux ne pourront
éteindre.
Le psalmiste
invite toute la création à chanter à Dieu cet Amour : les
anges, les astres, les êtres vivants, tous les peuples,
les jeunes hommes, les vierges aussi : le texte ne dit
pas “les jeunes hommes avec les vierges”, tandis qu’il
poursuit : les vieillards avec les enfants. Si Dieu
aime que les enfants jouent avec les vieillards, Il
aime aussi que les jeunes hommes sachent vivre
séparément des vierges. Délicatement, ici aussi,
l’Ecriture invite ceux qui s’y sentent appelés, à vivre dans
la chasteté.
La chasteté est
une vertu, un don de Dieu. Tous n’y sont pas appelés ; de
même que tous ne sont pas appelés au mariage. Beaucoup
d’unions échouent, parce qu’elles n’auraient pas dû être.
Beaucoup d’époux aussi et de célibataires regrettent de
n’avoir pas répondu à la vocation de leur adolescence ; ce
qui, heureusement, ne les empêche pas de recevoir la grâce
divine pour conduire une sainte vie.
Et même dans la
vie consacrée, il y a beaucoup de demeures (Jn 14:2),
toutes valables, toutes saintes, chacune convenant à telle
ou telle vocation. L’épisode évangélique d’aujourd’hui nous
le rappelle : Marthe servait Jésus de tout son cœur, dans
les chaudrons de sa cuisine, Marie servait Jésus en méditant
Sa parole. Marthe aussi méditait, Marie aussi balayait : les
vrais contemplatifs restent très actifs ou ils cessent
d’être contemplatifs ; les actifs doivent se nourrir de
prière ou ils deviennent activistes, ayant perdu la paix de
l’âme.
Quand Jésus dit
que Marie a choisi la meilleure part, il ne faudrait
pas penser que Marie eût fait mieux que Marthe, qu’elle eût
“préféré” s’asseoir paresseusement près du Christ à regarder
sa sœur travailler seule. Dans l’édification d’une maison,
on fait souvent plutôt l’éloge de l’architecte que des
humbles ouvriers qui ont collaboré ; pourtant l’architecte
ne travaille pas moins que le maçon, et l’un ne peut se
passer de l’autre. Dans l’évangile, chacune des deux sœurs a
correspondu à la tâche que lui proposait le Christ. Marie
est évidemment plus proche du Christ, comme Jean à la
Dernière Cène, et profite de la meilleure part, mais
cette place de Marie ou de Jean n’enlève rien aux mérites du
travail de toutes les Marthe qui servent l’Eglise fidèlement
depuis vingt-et-un siècles.
Alexandrina,
qui portait aussi le nom de la Très Sainte Vierge Marie, a
réellement choisi la meilleure part : comme la Marie
de l’évangile, comme aussi bien sûr la Vier-ge Marie, elle
médita en son cœur (Lc 2:19) la parole de Dieu.
En ce 13
octobre, renouvelons à Dieu notre amour de l’Eglise et de
Jésus-Eucharistie, notre fidélité aux appels pressants de
Marie à Fatima. Regardons la Bienheureuse Alexandrina et
demandons-lui de nous emmener dans le Feu de l’Amour qui
brûle dans le Cœur du Christ.
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